Parmi les leitmotivs du développement personnel en tête de liste, nous allons trouver l’expression « devenir soi-même ». Cela sous-entend que nous ne sommes pas nous-mêmes et que grâce à des efforts de toute sorte, nous allons chercher à le devenir de plus en plus. Un des obstacles majeurs sur ce chemin du devenir sera de concilier la recherche qui pousse à prendre soin de ce « soi-même » avec une vie en société. Est-ce même possible ? Je me suis penché un peu sur la question et je vous livre quelques unes de mes réflexions.
Je me souviens d’une semaine initiatique mémorable dans les Vosges, mais aussi du retour dans le monde que j’avais ressenti comme une chute d’un nuage. J’aurais tant aimé rester là-haut, perché sur les hauteurs du Taennchel, haut lieu cosmotellurique dans les montagnes au-dessus de Koenigsbourg. Depuis cet épisode qui date déjà un peu, je me suis habitué à vivre des changements de niveau vibratoire importants sans en être affecté. Suivant la perspective adoptée, nous trouverons toujours un évènement ou un lieu qui tirera notre énergie vers le bas, ou alors, il y aura également, parfois de manière inattendue, un lieu ou une situation qui nous remontera et nous procurera des moments d’élévation et de sensations extatiques. La moralité que je m’en suis construite est de ne pas chercher à m’attacher à cela, ni aux moments extatiques, ni aux moments dans les fonds, en acceptant que les moments où je puisse me sentir vraiment moi-même sont éphémères et qu’ils puissent se présenter à moi sans la moindre bataille.
Il est certain que les retraites et les formations dans des lieux loin de nos problèmes, loin de l’agitation urbaine, familiale et loin des soucis liées à nos activités économiques peuvent se révéler être des moments fort dans nos vies, mais faut-il toujours partir en retraite pour trouver un peu de calme intérieur. Combien d’heures ou de jours sont nécessaires pour faire baisser la pression interne, calmer la respiration, le rythme cardiaque et le flux nerveux ? Et de manière plus flagrante encore, combien de temps faut-il pour qu’au contact avec la civilisation (ou l’incivilation), les bénéfices d’une retraite partent en fumée?
Je suppose que vous êtes tous d’accord avec le fait que se sentir soi-même ne peut se faire qu’en ayant atteint un peu de calme intérieur. Lorsque je désire obtenir un tel état de calme, je le situe dans le futur et me rends dépendant des moments propices me permettant d’atteindre le calme intérieur. Si le calme ne peut être atteint qu’au bord d’une piscine entourée de palmiers, combien de stress faut-il affronter pour quelques heures ou quelques journées de détente ? En cherchant à atteindre l’absence de ce désir, les tracas de la vie ne nous épargnent pas d’avantage. Par contre, ce qui change, c’est la rapidité avec laquelle peut s’installer le calme intérieur, puisque celui-ci ne dépend plus d’un futur, mais pourrait très bien intervenir dans la seconde qui suit. Lorsque la seconde de l’instant présent se trouve libérée de l’idée que la prochaine sera meilleure, il devient possible de goûter un peu plus souvent à cet état d’être empli de joie, celui dont nous pourrions espérer qu’il rayonne jusque dans les activités les plus « chiantes » du quotidien. Un-deux-trois … et tous mes chakras sont alignés, je respire calmement, je vis la détente, ma pensée est libre, je sens un souffle frais sur ma peau et les bruits de mon environnement cessent d’attiser mon attention et enfin, je ressens la joie intérieure. Quelle magie ! Devenir un peu plus soi-même pourrait ainsi s’apparenter à teinter d’avantage le monde de notre joie et ainsi réduire les moments durant lesquels nous laissons le monde nous teinter par sa déprime.