03Ça fait un moment que je cherche à rendre mon lieu de vie plus « Feng Shui ». J’ai même fait venir une experte, « Maître en Feng Shui » ayant reçu son enseignement directement du grand Maître Li Quing Ling dans la lignée Yan Youn Song. Le rapport délivré par le Maître préconisait entre autres de murer nos salles de bain pour en créer une dans un secteur plus favorable, modifier notre porte d’entrée et bouleverser l’attribution des chambres. En vertu de quoi ? Le seul mérite de ce coûteux rapport est d’avoir servi de déclencheur à ce que je m’intéresse sérieusement au Feng Shui. Pas question de faire venir les marteaux piqueurs sans pouvoir suivre le raisonnent sous-jacent aux modifications proposées.
Comme bien d’autres disciplines et sans chinoiser, le Feng Shui se caractérise par le fait qu’il en existe des versions complètes mais difficilement abordables puis des versions simplifiées qui se contredisent … forcément. Et alors, qu’est-ce qui détermine que votre salon se trouve dans le secteur santé ou dans le secteur carrière, que votre cuisine occupe la place de votre renommée ou celle de la communication, et que la salle de bain soit dans le secteur de vos amours plutôt que dans celui de vos ancêtres ? Faut-il recourir au Feng Shui de la boussole ou au Feng-Shui de la forme ? Est-ce l’orientation de la porte, désignée par le terme « bouche du chi » ou l’orientation de la maison elle-même qui est déterminante? Et si le secteur « amis » de ma maison est manquant parce qu’elle est construite en « L » et que j’ai tout de même plein d’amis, faut-il en conclure que le Feng Shui, c’est simplement du bullshit ?
Plongeant mon nez dans divers ouvrages, mon questionnement finit par trouver une réponse partielle dans le livre d’Agnès Dumanget, « Vivre votre Feng Shui au quotidien ». Pour éviter les acrobaties, voire l’écartèlement du mental, elle propose au disciple de choisir sa méthode, son école, puis de l’appliquer sans se poser la question « que dirait l’autre méthode si … ». Démarche qui semble raisonnable. D’ailleurs nous procédons de manière identique dans nos choix religieux: Un chrétien aurait-il l’idée de consulter le Coran pour savoir s’il est bien ou non de couper la main d’un voleur. Choisir son Feng Shui ne peut pas se faire sur des bases scientifiques ! Prouver qu’un Feng Shui est « plus juste » qu’un autre invaliderait des courants de Feng Shui qui sont transmis depuis des millénaires.
En laissant voguer mes idées librement, je me suis demandé si un Feng Shui donné n’existait que grâce aux adeptes. Qu’en fin de compte, la sectorisation d’un lieu ne résultait que du grand nombre d’adeptes, selon l’idée que, lorsque nous sommes beaucoup à penser qu’une chose est vraie, elle le devient effectivement. Donc, c’est un égrégore auquel je peux adhérer ou non. Puis en continuant cette réflexion, je me suis demandé si je n’allais pas créer mon propre Feng Shui, occidental de surcroît. Chaque maison sera divisé en quatre secteurs: le premier correspondrait au Feu et à l’Amour, le deuxième serait en lien avec la Terre et à la nourriture et à la richesse, un troisième serait dédié à l’Eau pour y mettre les salles de bain, et finalement le quatrième affecté à l’élément Air pour l’inspiration et la communication. Suite à la publication de mon prochain best-seller « Le Feng Shui des quatre éléments», j’aurais trouvé suffisamment d’adeptes pour que cette nouvelle discipline devienne un égrégore puissant, au même titre que le Feng Shui chinois.
Maintenant que tout cela a été dit, je vous avoue que j’ai balancé le rapport du Maître Feng Shui à la poubelle. Puis, je me suis déclaré adepte du Feng Shui de la boussole en me débarrassant simultanément de tous les ouvrages relatifs à d’autres obédiences. Un vrai soulagement, enfin ça se clarifie ! Instantanément, ma demeure est devenue Feng Shui, ou plutôt, une demeure entrain d’être harmonisée selon le Feng Shui de la boussole. De surcroît, j’ai pu commencer de ressentir dans mon corps les divers secteurs. Ça m’a permis de choisir le nouvel emplacement de mon bureau et son orientation. J’ai bien conscience qu’une maison parfaite n’existe pas, mais j’ai aussi compris que le Feng Shui nous donne plein de ressources pour améliorer cette relation qui existe entre son habitat et les diverses facettes de sa vie. A mon avis, ce qui distingue une maison Feng Shui d’une autre, ce n’est pas qu’elle soit meilleure ou plus harmonique que les autres, Pour moi, une maison Feng Shui s’inscrit dans un art martial de l’habitat où la maison n’est pas un lieu de stagnation mais un lieu de devenir perpétuel dans lequel il s’agit de faire circuler l’énergie de vie, le fameux Chi. Une maison plus saine devrait, en toute logique, favoriser la santé de ses occupants et aussi favoriser un mental plus clair.
Est-ce clair, ou faut-il que je retourne dans mon secteur « communication » pour voir ce qui l’obstrue ?
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