Neuro(in)conscience

Les neurosciences se profilent actuellement comme une branche scientifique sur le point de bouleverser tout un tas de conceptions sur nous-mêmes, et en particulier la manière dont notre cerveau traite les émotions, effectue des apprentissages, se met en état de stress, etc. Nous pensions que le son développement s’arrêtait durant l’enfance pour aller vers un déclin inexorable. En plus, on nous disait (à tort bien sûr …) que nous n’utilisions que 10 pourcent de nos capacités mentales. Aujourd’hui, nous savons que la plasticité des interconnections neuronales se fait en fonction des informations que nous lui donnons à traiter. Pour que le cerveau gagne en capacités, il s’agit vraiment de faire du nouveau, de soumettre son cerveau à des informations, des exigences, de défis qu’il n’a pas encore connus et qui incluent une participation du corps. Le remodelage du cerveau s’opère ainsi par l’apprentissage de nouvelles langues ou du pilotage d’un drone, par l’entrée dans l’univers du tango argentin ou toute autre danse ou technique corporelle. Il y a une réelle différence entre se nourrir de connaissances et acquérir des nouvelles compétences. Dévorer tous les romans best-sellers de l’année ne changera pas la structure du cerveau, pas plus que d’apprendre par cœur le dictionnaire. Devant l’évidence, nous sommes appelés à revoir nos théories sur les apprentissages, ne serais-ce que par le simple constat qu’une personne amenée à trouver elle-même la solution à un problème qui lui est soumis s’en souviendra infiniment mieux que la personne à qui l’on a simplement expliqué la solution; autre manière de réitérer ce que nous savions déjà : le gavage du cerveau ne sert pas à grand chose.


Est-ce que les neurosciences vont devenir la religion du 21ème siècle ? Un puissant bémol surgit en moi, et c’est de cela que j’aimerais vous parler dans cette édition estivale de mon blog de bioénergéticien. Bien qu’en admiration devant les prouesses des neurosciences et des neurochirurgiens, je voudrais exprimer mon désaccord total face aux théories avancées sur la notion de conscience. Une des théories, défendues par le célèbre neurochirugien anglais Henry Marsh (son dernier livre et best-seller, traduit en français Entre mes mains, se lit facilement en une journée de plage), considère la conscience comme un état d’être magique qui surgit quand tous nos neurones se trouvent à l’état opérationnel et en interaction les uns avec les autres. Evidemment, dans cette vision-là, la mort cérébrale équivaut à la cessation de la conscience. La conscience se trouve ainsi reléguée à un état d’excitation de la matière, comme dans l’histoire du monstre Frankenstein, éveillé à la vie par apport successif de décharges électriques. Qu’est-ce qu’est la conscience si ce n’est pas un état activé de la matière grise, comme le pensent certains ténors des neurosciences ? En quête d’une autre version, je suis allé voir les vidéos de Maharishi à ce sujet. Pendant un bon moment, j’ai attentivement écouté son « anglaindien » mais vraiment désolé, je n’y ai rien compris du tout. En y pensant, il me semble que chacun d’entre nous tient sa version de ce qu’est la conscience. Henry Marsh est totalement libre de vivre cette dernière comme un état où toutes les cellules nerveuses dans son cerveau fonctionnent en synchronisme. Et je vous assure, tout guru, qu’il soit originaire du continent Indien ou issu des laboratoires de la neuroscience, vous tiendra un autre langage. Moralité : il me semble bon que chacun cherche sa propre définition de ce qu’est la conscience, en fonction de ses croyances, de ses connaissances, mais aussi en fonction de son état d’éveil.
Un autre malaise que je vis face au pouvoir montant des neurosciences, concerne la tendance à développer et diffuser l’idée d’un super-cerveau. Allez sur Youtube et entrez les deux mots clés suivants « Super Brain » . Parmi les multiples renvois à une émission télé et les références au group rock superbrain, vous trouverez de la musique spécifique pour développer votre Superbrain et plein d’autres considérations sur des méthodes pouvant booster votre cerveau. Il est vrai aussi que, rien qu’en posant deux ou trois électrodes sur la tête, nous pouvons, par le biais d’ondes cérébrales, donner des commandes à une machine. Bien sûr que nous devrons apprendre à générer les bonnes ondes cérébrales pour effectuer une opération plutôt qu’une autre. Nous verrons donc se multiplier des machines ou des véhicules qui sont commandées via des électrodes branchées sur le cerveau de leur opérateur ou conducteur. Ça sert à quoi un super-cerveau? A devenir encore plus productif et encore plus stressé ?
En lisant le pavé de Daniel Goleman sur l’intelligence émotionnelle, il nous est présenté que l’intelligence émotionnelle résulte d’un bon fonctionnement de deux petites structures de notre cerveau limbique, cette partie de notre cerveau qui est situé au col du tronc cérébral, au plus profond de notre crâne. Et si ces deux petites structures, nommées respectivement l’hippocampe et l’amygdale, ne fonctionnent pas d’une manière harmonieuse, nous voilà relégués dans le casier des « malades ou infirmes du cerveau émotionnel ». Je décèle parmi les protagonistes de l’intelligence émotionnelle une pincée de schyzophrénie : Un premier volet s’ouvre sur un aspect de développement personnel intitulé « développer son intelligence émotionnelle », et un deuxième vise à identifier et nommer toutes sortes de pathologies liées à une gestion émotionnelle déficiente. « Dites Docteur, puis-je développer mon intelligence émotionnelle alors que vous m’avez diagnostiqué plusieurs dysfonctionnements dans mon cerveau limbique ? » Cela m’incite à pronostiquer une prochaine arrivée sur le marché de médicaments ciblés pour contrer les dysfonctionnements de notre cerveau émotionnel ?
Le dernier aspect de mon malaise est en relation directe avec mon travail et mes découvertes durant les deux dernières années sur les différents centres énergétiques qui gouvernent et fournissent l’énergie mentale indispensable pour les divers processus dont nous rendons très généralement responsable notre cerveau physique. D’après ma compréhension, le sang amené au cerveau ne fournit en réalité qu’une partie de l’énergie nécessaire à faire de nous des êtres pensants. L’autre partie est celle qui alimente notre mental à travers les divers centres énergétiques et pourrait s’apparenter à ce que nous désignons parfois par « énergie libre ». Or, je conçois que sommes bien plus que des êtres pensants. A travers nos centres énergétiques et nos perceptions subtiles, nous nous trouvons connectés à des réalités multidimensionnelles qui transcendent largement notre personne. Nous comprenons bien que la dimension spirituelle de la vie ne peut être accueilli par les théories des neurosciences et ses considérations sur le fonctionnement du cerveau. En effet, il y a une grande différence entre vivre sa spiritualité et avoir des croyances.