Le présent, un embouteillage dans le couloir du temps ?

02A chaque fois que la fatalité m’oblige de rentrer dans les affres d’un embouteillage, je me retrouve à philosopher sur les vertus de la patiente, de l’attention à l’instant présent et patati et patata. Les autoroutes, c’est fait pour rouler, pour avancer et notre mental est content quand ça roule. Le mental est fait pour le déplacement et ne supporte pas quand ça bouchonne. Vous et moi disposons de cette merveilleuse machine qui fonctionne hors du temps, à l’aise dans les espaces, dans le mouvement, dans le nouveau et dans le changement. Alors, pourquoi le temps vient ralentir, voire bloquer la dynamique de notre essence mentale ? Je ne me souviens plus de l’auteur de ces mots de sagesse que voici : « le temps a été inventé par l’univers pour que tous les évènements ne se déroulent pas en même temps ».
Selon ma conception de bioénergéticien, ce qui permet au temps d’exister, c’est la matière. Dans l’espace mental, ce temps n’existe pas réellement et notre cerveau doit créer la notion de temps artificiellement. C’est quoi une minute ? Pour sortir de l’abstraction, nous devons nous confronter au tour complet de l’aiguille des secondes. Et pour connaître la durée d’une heure, il nous faut assister au tour complet de la grande aiguille. C’est véritablement insupportable que de regarder une montre pour qu’elle nous apprenne la notion du temps, tout aussi insupportable qu’un bouchon sur une autoroute !
Je ne crois pas qu’il y ait de véritable solution au dilemme qui génère en nous la confrontation entre le temps et l’intemporalité, raison pour laquelle tant de disciplines, martiales ou non, ont pour point commun la recherche d’une trêve, et véhiculent peut être même, version moins pessimiste, l’espoir d’aboutir un jour à la maîtrise du temps. La question de fond nous tenaille : s’agit-il de maîtriser notre temporalité liée à l’incarnation ou plutôt notre intemporalité liée à la nature intemporelle de l’univers ? Ecartelé entre deux disciplines aux buts opposées, j’ai choisi de chercher à progresser dans les deux à la fois et de découvrir comment l’intemporel nous ramène à la temporalité et inversement. Prenons un exemple : une jambe lourde, gonflée, va obliger son propriétaire à se poser, à subir la temporalité, alors que la véritable raison à l’origine de la stase veineuse se trouve, dans la plupart des cas, dans un autre temps ou dans l’intemporel (*). Cette gymnastique de l’esprit ne connaît pas encore de nom, mais je suis absolument certain qu’elle a un immense avenir devant elle.

* parmi les causes possibles, on trouvera des traumatismes d’incarnations antérieures provoqués par une morsure de serpent, une piqûre d’un scorpion ou encore une infection telle une gangrène.